Un savoir-faire en mécatronique au service de la robotique médicale
Sous-traitant majeur du site GE Healthcare à Buc (78), Axe s’est fait une spécialité des solutions mécatroniques pour le secteur médical. En croissance constante, l’entreprise multiplie ses investissements cette année, notamment en matière de digitalisation afin de gagner en productivité.
Robotique, mécatronique, tôlerie fine, intégration de systèmes, usinage de précision, R&D et gestion de projet : Axe Group associe plusieurs métiers au travers de quatre sites de fabrications localisés à Romorantin (41), Besançon (25) et Lisieux (14) en France, et à Oradea en Roumanie. La holding est complétée par une filiale en Chine, près de Shangai.
Issu du rachat de l’entreprise Langel en 2013, le site de Besançon est spécialisé dans l’usinage, historiquement pour le spatial et l’aéronautique. Il a notamment fabriqué le boîtier du sismographe embarqué dans la sonde Insight qui s’est posée sur Mars en novembre dernier. Les sites de Lisieux et d'Oradea sont, quant à eux, spécialisés dans la tôlerie.
Si le médical représente 61 % du chiffre d'affaires du groupe Axe (46 M€ en 2018), les applications dans ce secteur concernent principalement le site de Romorantin, qui emploie 120 personnes. Celui-ci est spécialisé dans l’ingénierie en mécatronique pour la conception et l’industrialisation de produits. Son activité, dédiée essentiellement aux systèmes de billetterie dans les années 80, a évolué majoritairement aujourd'hui vers le dispositif médical. Le site est d'ailleurs certifié ISO 13485:2016.
Une expérience forgée en répondant aux besoins de GE Healthcare
L’orientation médicale du sous-traitant remonte au début des années 90, avec la réalisation d’un premier appareil de biopsie pour le site de Buc (78) de GE Healthcare (alors CGR), qui reste le principal client d’Axe aujourd’hui. Depuis, l’entreprise n’a cessé de croître, en répondant aux besoins du site de Buc en matière de systèmes de mammographie et d’imagerie cardio-vasculaire, mais également à ceux d’autres fabricants de dispositifs médicaux.
Fidèle à son cœur de métier, le site de Romorantin fabrique notamment toute la partie mécanique des machines d’imagerie ostéo-articulaire d’EOS Imaging. Il s'est clairement fait une spécialité de l'imagerie et plus particulièrement de son utilisation comme assistance à la chirurgie. C'est ainsi que le bureau d'études de Romorantin a conçu et développé un Cobot de manipulation pour la curiethérapie afin de traiter le cancer de la prostate à partir d’images échographiques.
L’entreprise a également travaillé sur l’industrialisation, pour AdEchoTech, d’un robot qui manipule une sonde d’échographie en reproduisant les mouvements effectués à distance par un praticien. Ce principe, développé par l’ESA dans le cadre de la station orbitale européenne, trouve de nombreuses applications, en particulier dans le milieu carcéral où il permettrait de pratiquer des échographies sur des prisonniers sans nécessiter leur transfert, généralement très coûteux. Ce système intéresse aussi les pays comme le Canada, touchés par la désertification médicale.
Autre exemple, la fabrication, pour la start-up RoboCath, de sous-ensembles d’un robot permettant de déposer des stents dans les voies coronaires sous imagerie X. Le but est de reproduire à l’identique les mouvements d’insertion du guide du chirurgien, installé derrière une paroi protectrice.
L’entreprise œuvre aussi dans le domaine des machines de diagnostic in vitro, avec deux acteurs majeurs du marché français. Elle fabrique des produits de manipulation d’éprouvettes pour l’un et des pièces de structure de machine pour l’autre.
On peut citer aussi la fabrication, pour le compte d'Air Liquide, des systèmes d’accroche d'équipements respiratoires dans les véhicules d’urgence.
Le site de Lisieux travaille aussi pour le secteur médical avec notamment la fabrication d’un sous-ensemble d’appareil mobile de traitement de l’air en hôpital développé par Airinspace pour lutter contre les maladies nosocomiales.
5 M€ d’investissement en 2019
Le groupe Axe investit de façon continue dans son outil de production. Cette année, il a engagé 5 M€ dans des machines de tôlerie (2,5 M€), des centres d’usinage (1,5 M€) et la mise à niveau de bâtiments. Le gros œuvre devrait s’achever en septembre avec une fin d’aménagement prévue avant Noël.
Concernant la partie usinage, le parc machines d'Axe est composé de centres Mazak et DMG Mori, associés à la solution de CFAO de l'éditeur Topsolid (ex-Missler). L’investissement de cette année porte notamment sur des tours 5 axes à 8 broches/8 tourelles avec reprises de fraisage pour sortir des pièces finies.
« Au-delà d’un investissement capacitaire, il s’agit d’évoluer vers davantage de digitalisation et d’interconnexion entre les machines » précise Jacques Neveu, directeur général associé d’Axe Group. «Actuellement, chaque machine utilise une multitude d’outils pour fabriquer une pièce complète. L’objectif de l’interconnexion est de spécialiser ces machines en faisant en sorte qu’elles puissent s’échanger les pièces à fabriquer selon les types d’usinage à effectuer ». En d’autres termes, s’il faudra toujours les mêmes outils, ceux-ci seront répartis sur plusieurs machines.
Concernant la tôlerie, pour laquelle le groupe utilise des machines du Japonais Amada, il convient de faire face à la tendance en faveur de séries de plus en plus petites. Cela implique une part grandissante du temps de réglage dans le prix de la pièce. « C’est pourquoi nous investissons dans des machines qui permettent d’automatiser les réglages au maximum», explique M. Neveu. « Côté logiciel, les investissements en tôlerie concernent essentiellement la CFAO, qui nous donne la possibilité d’augmenter le taux d’utilisation de la tôle avec la méthode d’imbrication automatique ».
Un mot sur la métrologie, pour signaler que le groupe Axe dispose de comparateurs et de machines de mesure 3D de marques Keyence, Mitutoyo et Zeiss. « A Romorantin, nous avons deux systèmes Keyence, le premier pour faire de la mesure dimensionnelle et le second pour regarder l’état de surface et ainsi juger de la planéité de certains composants.», précise Yoann Giorgietti, responsable commercial du pôle robotique.
Un avenir assuré pour la robotique
D’après M. Neveu, la robotique d’assistance à la chirurgie guidée par imagerie n’en est qu’à ses débuts. La mécanique a donc encore de belles années devant elle. Et Axe aussi, « car l’entreprise dispose d’un atout de poids face à ses concurrents : la combinaison, au même endroit, des études, de l’usinage, de l’intégration et du test », souligne M. Giorgietti. « Cela permet de favoriser la conception de produits plus faciles à fabriquer, et de gagner un temps précieux dans le rebouclage entre le montage et la conception », précise M. Neveu.
A cela s’ajoute l’avantage de combiner les métiers d’usinage et de tôlerie au sein du même groupe.