Orthopédie : vers davantage de sous-traitance et de fabrication additive
Lors de la présentation, en novembre dernier, des derniers rapports d'études du cabinet Avicenne sur le marché de l’orthopédie, Ali Madani a notamment fait le point sur la fabrication additive, adoptée par bon nombre de fabricants et qui se présente comme une option stratégique pour les sous-traitants.
Bien connue des industriels de l’orthopédie et du rachis, la conférence Implants se compose désormais uniquement de tutoriels de deux heures présentant les résultats des dernières études d’Avicenne (commandables ici) sur les tendances du marché. En 2019, une session été organisée à Las Vegas au mois de mars, puis à Paris le 12 novembre. Le fondateur d’Avicenne, Ali Madani, y a présenté un panorama complet de l’industrie orthopédique, couvrant les techniques de fabrication, les marchés, les stratégies des acteurs et les innovations.
Les participants ont ainsi appris que le marché mondial de l’orthopédie a atteint 44 Md$ en 2018, en augmentation de 4 % par rapport à 2017. On n’est donc plus sur une croissance à deux chiffres comme c’était le cas entre 2000 et 2010. Les cinq poids lourds que sont DePuy Synthes, Zimmer-Biomet, Stryker, Medtronic et Smith & Nephew, continuent à dominer le marché, très loin devant leurs nombreux "challengers" (des centaines). Mais ces derniers affichent une croissance de 8,9 % en moyenne, grignotant continûment des parts de marché (42 % en 2018 contre 33 % en 2013). Généralement plus agiles, ces challengers figurent souvent parmi les leaders dans leur pays, comme Aesculap en Allemagne, Lima en Italie, Amplitude en France…
L’innovation est toujours l’un des principaux moteurs du marché, même si elle est moins disruptive que lors des décennies précédentes. Les freins concernent principalement la baisse des prix (voir page 28) et l’allongement des délais de commercialisation. En cause : la réduction des remboursements, les centrales d’achats et le renforcement de la réglementation. Les prix continuent en effet de chuter dans tous les pays. Le marché devrait tout de même continuer de croître, de 4 % en moyenne par an, pour atteindre 54 Md$ en 2023.
+7 % pour la sous-traitance
Medtronic faisant figure d'exception, les fabricants font beaucoup appel à la sous-traitance pour produire leurs DM (surtout les challengers). Et c’est de plus en plus vrai. C’est pourquoi le marché a augmenté d'environ 7 % par an depuis 2012, pour atteindre 5,7 Mds$ en 2018, et devrait suivre la même pente dans les années à venir.
Les fabricants aspirant à une réduction du nombre d’interlocuteurs, la concentration fait partie des tendances du marché de la sous-traitance. En 2018, celui-ci était dominé par Tecomet, Viant, Orchid, CeramTec, NN, Avalign, Marle…
Une fabrication additive "maison"... pour l'instant
La plupart des principaux sous-traitants investissent dans la fabrication additive, mais à petite échelle, notamment pour acquérir de l'expérience dans le domaine. La grande question pour eux est de savoir si les donneurs d’ordre vont finir par externaliser ce type de production. Car les fabricants préfèrent pour l’instant maîtriser la fabrication additive en interne.
Zimmer, Adler Ortho, Lima, Medtronic et Exactech sont particulièrement avancés dans ce domaine. En 2016, Stryker a investi 400 M$ pour construire une usine dédiée à l’impression 3D en Irlande, et DePuy Synthes 40 M$ en janvier 2019. Plus de 500 machines (Arcam, EOS, SLM, 3D Systems, ConceptLaser, Renishaw…) étaient déjà utilisées en 2018 pour produire 6 % des implants orthopédiques. Cela concerne surtout les implants de reconstruction, les cages intersomatiques, les guides de coupe et les implants complexes ou personnalisés.
En tout cas, l’enjeu est de taille car d’ici à 2023, plusieurs études s’accordent à prévoir une croissance de 20 % de la fabrication additive métal sur le segment de l’orthopédie.