Vous devez être connecté pour accèder à cette archive.

Se connecter
X
Actualités de la profession > Associations régionales, Conjoncture

Besoins en compétences et nouveaux métiers de l’innovation santé en Ile-de-France

Publié le 25 mai 2020 par Patrick RENARD
Evolution de la représentativité des familles de métiers, dans la filière medtech à l'horizon de 2021.
Crédit photo : Medicen

Medicen Paris Région a mené une étude sur l’évolution des compétences et des métiers dans la santé. Pluridisciplinarité, compréhension des enjeux liés au numérique et à la gestion des données, et connaissance du cadre réglementaire sont les principales compétences recherchées.

Le pôle de compétitivité francilien dédié à l’innovation dans la santé Medicen Paris Region a publié, en collaboration avec le cabinet AEC Partners, une enquête sur les métiers et les compétences les plus recherchés par les jeunes entreprises de santé en Île-de-France. Intitulée "Compétences Innovation Santé", l'étude a été menée l'an dernier auprès de 102 acteurs franciliens de la santé dont 82 start-up des fillières biotech, medtech, e-santé et services, représentant respectivement 26 %, 39 %, 16 % et 19% des emplois.

Une croissance explosive de l'emploi à venir

Avant de parler de compétences, la première observation qui émane de l'étude est la forte création d’emplois prévue à l’horizon 2021 dans les entreprises de santé : entre 2018 et 2021, les effectifs de la filière sont susceptibles d’être multipliés par deux, avec 3 500 postes à pourvoir. A noter que les profils traditionnels de R&D (54 % des métiers de la filière en 2018 contre 46 % à horizon 2021) perdent du terrain au profit de nouveaux métiers en santé, à l’instar des fonctions liées à la collecte et à l’utilisation des données (10 % en 2018, 12 % estimés en 2021), ainsi que des métiers de l’informatique et des fonctions commerciales.

Des compétences additionnelles mais essentielles

L'étude dresse un constat univoque quant aux besoins des entreprises : si la R&D reste le cœur de métier des entreprises de santé, les compétences scientifiques ne suffisent plus. Ce sont à présent les compétences additionnelles qui sont le plus prisées. Ainsi, la maîtrise de l’anglais arrive largement en tête des compétences les plus citées par les personnes interrogées sur les 300 compétences répertoriées (hard skills et soft skills) au périmètre de l’étude. Par ailleurs, le travail en transverse et la connaissance du cadre réglementaire s’avèrent être des compétences cruciales aux yeux des recruteurs. Cela s’explique par trois nouveaux enjeux : la croissance exponentielle des données de santé, la diversification des méthodologies scientifiques (médecine de précision, inclusion de la data et du numérique, approche globale des phénomènes biologiques, …) et des processus de production (multiplicité des parties prenantes intervenant sur la chaîne de valeur), et enfin le développement de technologies de rupture.

Les enjeux spécifiques aux dispositifs médicaux

Si on regarde les résultats de l'étude spécifiques à chacun des quatre filières, on constate que les enjeux diffèrent quelque peu de l'une à l'autre. Ainsi, pour la filière des dispositifs médicaux (medtech), il s'agit d'enjeux mixtes reflétant un cycle de développement plus réduit comparé au médicament :

  1. Évolutions de l’organisation du management
  2. Poids croissant du digital
  3. Prégnance croissante du règlementaire

Les évolutions de l’organisation du management impliquent l'essor des méthodes agiles et du lean management, qui impactent la gestion des ressources. En interne, cela se traduit par une importance croissante du management transverse et matriciel ; en externe, par la réorganisation du management des interlocuteurs/clients.

Le poids croissant du digital implique l'intégration de la digitalisation dans l’environnement de travail sur la chaîne de valeur de l'entreprise (R&D, production, suivi clients, etc.), ainsi que l'intégration d’une part croissante d’éléments digitaux dans les technologies médicales elles-mêmes (solutions multitechnologies, DM connectés, etc.).

Quant à la prégnance croissante du règlementaire, elle traduit le devoir de se conformer à un grand nombre de réglementations existantes, sur deux niveaux : national et européen. On pense naturellement à la nouvelle réglementation européenne (RDM et RDMDIV). Il existe aussi des zones d’incertitude sur les domaines émergents, comme les solutions connectées, et leurs implications règlementaires.

Le pôle Medicen recense les initiatives contre le Covid-19

Le réglementaire fait aussi partie des trois enjeux principaux identifiés pour la filière de la e-santé. Dans l'étude, cette filière est définie comme recouvrant les domaines de la santé faisant intervenir les technologies de l’information et de la communication (TIC). Les deux autres enjeux en e-santé (qui concerne un nombre croissant de DM) sont l'essor massif des données de santé et données personnelles, ainsi que l'accélération des cycles d’innovation et sauts technologiques majeurs.

L'étude intègre des cartographies sur les familles de métiers par besoin et difficulté de recrutement. En ce qui concerne la filière medtech, il apparait que les besoins en métiers de la data, production ainsi que commercialisation seront les plus importants, avec des difficultés prévues sur le recrutement variables. Comme on le voit ci-dessous, les métiers de technicien prototype en production et data analyst/scientist seront les plus difficiles à recruter dans les 3 ans.

Anticiper les besoins en compétences pour gagner en compétitivité

S’il ressort de cette étude que l’Ile-de-France forme des profils scientifiques et techniques de très bon niveau, il est toutefois indispensable d’anticiper, dès la formation initiale, le développement de compétences pluridisciplinaires (anglais, réglementaire, travail en transverse) afin d’adapter les profils aux besoins des entreprises de la santé. Il est crucial de décloisonner les formations afin de créer des filières alliant scientifique et réglementaire, ou encore numérique, et d’intégrer l’enseignement de l’anglais dans chaque cursus.

Au-delà, c’est la filière santé qui doit redoubler d’efforts de visibilité auprès des jeunes diplômés pour relever le défi de la "guerre des talents" à laquelle se livrent les recruteurs, notamment pour attirer les profils experts de la data, des objets connectés et de l’intelligence artificielle, thématiques essentielles pour développer la médecine de demain.

Pour consulter l'étude Compétences Innovation Santé complète, cliquer ici.

A ne surtout pas manquer sur le sujet de la formation des futurs cadres du dispositif médical, le dossier spécial publié dans le numéro de mars/avril du magazine DeviceMed.


medicen.org

Partagez cet article sur les réseaux sociaux ou par email :
Mots-clés :

A lire aussi