La santé, un axe stratégique pour le Pôle des Microtechniques
Le 2 juillet dernier, l'industriel Laurent Deschamps a succédé à Etienne Boyer à la présidence du Pôle des Microtechniques de Besançon. Il nous expose ici les nombreuses actions initiées par ce pôle de compétitivité dans le secteur médical, en dépit des baisses de financement et de la crise sanitaire.
Par Evelyne Gisselbrecht, DeviceMed
Pourriez-vous nous rappeler votre parcours professionnel ?
Bourguignon de naissance, je suis ingénieur diplômé de l'ENIBe, ancêtre de l'UTBM à Belfort. J'ai complété ce cursus par une formation en management à l'IAE de Dijon où j'ai obtenu mon MBA. Ma carrière professionnelle s'est déroulée pour l'essentiel en Franche-Comté, dans l'automobile d'abord, où j'ai œuvré au service de Faurecia pendant plus de 10 ans. J'ai ensuite dirigé Dimeco Alipresse, un groupe familial de machines-outils basé près de Besançon, avant de devenir Directeur Général du site bisontin d'Amphénol FCI, un leader de la connectique électronique.
Je me suis par ailleurs engagé pendant 10 ans comme membre du conseil de direction de l'UIMM (Union des Industries et des Métiers de la Métallurgie) du Doubs et administrateur du Centre de Formation des Apprentis de l'Industrie de Franche-Comté.
Quelles sont les missions du Pôle des Microtechniques et l'offre proposée à ses adhérents ?
Le Pôle des Microtechniques (PMT) a pour principal objectif de fédérer l'écosystème industriel et académique de la région Bourgogne-Franche-Comté, afin de booster l'innovation. Il aide les industriels dans leur développement technique et économique, et plus particulièrement les entreprises de petite taille (PME, TPE, ETI). Il relaie les appels à projets innovants nationaux auprès de ses adhérents et les encourage à y répondre. Le PMT accompagne également les sociétés qui ont un projet d'innovation en leur apportant une aide sur mesure. Cette aide peut être de nature technique : nous accompagnons par exemple certains adhérents dans la création d'une structure de développement de produits au sein de leur entreprise. Mais il peut s'agir aussi de réseautage, par exemple la mise en relation de nos adhérents avec des instituts de recherche ou avec les structures compétentes sur le plan de la propriété intellectuelle.
Quels sont les projets qui vous tiennent à cœur en tant que nouveau président du PMT ?
En premier lieu, je souhaite poursuivre ou mener à bien un certain nombre d'actions qui ont déjà été lancées et j'en profite pour saluer ici l'action de mon prédécesseur Etienne Boyer et de son équipe, pilotée depuis bientôt 2 ans par Régis Roche.
Parmi les idées qui avaient été avancées, je pense qu'il est important de clarifier l'offre de services du PMT à ses adhérents et d'en faciliter l'accès.
Par ailleurs, nous devons développer notre nombre d'adhérents en Bourgogne, mais aussi en dehors de la région. Pour cela, il nous faut élargir le champ d'activité de nos adhérents au-delà du secteur des microtechniques à proprement parler, même si cela demeure bien sûr notre ADN.
Quelles sont les dernières actualités du PMT dans le secteur médical ?
Nos initiatives sont nombreuses dans le secteur médical, qui constitue clairement pour nous un axe stratégique privilégié. Je citerai tout d'abord les Innovative Therapies Days, un événement qui était prévu au début de cet été et que nous avons dû reporter aux 1er et 2 Juillet 2021 en raison de la COVID-19. Cette rencontre d'envergure internationale, qui se tiendra à Besançon, réunira la communauté des cliniciens, scientifiques et industriels autour de la question des CAR-T cells, des cellules du sang (lymphocytes T) modifiées et utilisées pour traiter certains cancers et notamment certaines formes de leucémie. Plus de 200 participants avaient répondu présent cette année pour venir partager les dernières avancées de leurs travaux.
Je souhaiterais évoquer également le projet Bio Innovation porté par Grand Besançon Métropole. Il s'agit de la construction, sur le site de Temis Santé, d'un centre de recherche de 4000 m² consacré aux dispositifs médicaux, aux biotechnologies et au diagnostic associé au sang. Ce bâtiment de 4 étages est notamment destiné à accueillir des start-up qui pourront profiter des équipements à disposition mais aussi de ce concentré d'expertise scientifique, technologique et clinique. Le PMT est missionné par Grand Besançon Métropole pour accompagner ces start-up dans leur installation et leur intégration au sein de cet écosystème.
Je n'oublie pas non plus La Rentrée du DM qui vient de fêter sa 8ème édition avec succès, en dépit du contexte actuel. Cette formation s’adresse à tous les fabricants de dispositifs médicaux qui souhaitent maîtriser les aspects règlementaires et cliniques. Elle offre un programme dense piloté par l’ISIFC, école d’ingénieurs en biomédical, en lien étroit avec les organismes notifiés nationaux.
Nous poursuivons également le Hacking Health, un marathon d'innovation en santé, qui s'est tenu pour la 4ème fois du 16 au 18 octobre derniers, et qui réunit deux types d’acteurs : les lanceurs de défis apportant des problématiques issues de leur quotidien et les participants qui, pendant 48 heures, mettent à profit leurs compétences pour prototyper des solutions de façon accélérée.
Où en est Propulseur ?
L'accélérateur d'innovation en santé et microtechniques Propulseur s'apprête à fêter ses 3 ans. Initié pour 4 années, nous espérons qu'il sera reconduit car son action est déterminante pour la réussite de nos start-up. Il inclut aujourd'hui 13 entreprises, dont les start-up VistaCare (DM de prise en charge sans contact des plaies) et Cohesives (colle à base d'acrylate UV polymérisable qui adhère à tout type de tissu biologique). Propulseur prendra un nouvel élan grâce à Bio Innovation car ces start-up ont toutes vocation à être intégrées dans ce programme.
Comment le PMT parvient-il à poursuivre ses actions malgré le désengagement de l'Etat ?
L'Etat a transféré le financement des pôles de compétitivité aux régions en 2020. Nos principaux financeurs sont aujourd'hui la région Bourgogne-Franche-Comté et Grand Besançon Métropole, sachant que notre budget de fonctionnement pour 2020 est d'environ 1,5 Mio €. Le PMT est aujourd'hui en capacité de s'autofinancer à plus de 50 %, grâce aux cotisations de ses 200 adhérents, aux soldes positifs de certains de ses événements, et aux prestations proposées à ses adhérents. Son activité est en croissance et ses deux derniers exercices excédentaires.
Quels sont les bénéfices de l'alliance entre le cluster Innov'Health et Medicen Paris Région ?
Nous nous sommes associés avec le pôle de compétitivité Medicen sur un certain nombre d'actions, sous l'impulsion de la DGE. Nous organisons par exemple ensemble une formation sur les DM connectés à Paris le 23 novembre prochain. Le PMT aide Medicen particulièrement sur le volet des dispositifs médicaux, avec son réseau important de sous-traitants. En contrepartie, Medicen nous donne accès à sa base de plus de 400 adhérents. Nos start-up santé peuvent bénéficier de la labellisation Medicen, ce qui leur offre une visibilité auprès des grands groupes adhérents de ce pôle. Parmi ces start-up figure la société bisontine Pixee Medical, qui propose au secteur de l'orthopédie des solutions de navigation chirurgicale en réalité augmentée. Cette entreprise labellisée Medicen, qui fut lauréate du concours d'Innovation I-Nov 2019, a pu lever une subvention de 1,25 Mio €.