Des revêtements antimicrobiens, anti-inflammatoires, simples et personnalisables
Pour contrer les infections liées aux dispositifs médicaux, qui sont de plus en plus nombreuses, la société Spartha Medical développe des revêtements innovants. Elle associe ici deux polymères d'origine naturelle qui forment un film micrométrique biocompatible, adapté à tout type de surface.
De nos jours, 5 % des patients admis dans les établissements de santé contractent une infection nosocomiale durant leur séjour. En Europe, cela représente plus de 4 millions de personnes par an. Une telle infection peut aboutir à des situations dramatiques, qui provoquent la mort de 37 000 personnes par an en Europe dont environ 4 000 en France, soit plus que les accidents de la route. En outre, ces infections se traduisent par un supplément de 4 jours d’hospitalisation en moyenne et génèrent donc des surcoûts très importants pour la société (7 milliards d’euros par an).
Il est connu qu’une infection nosocomiale sur deux est liée à la présence d’un dispositif médical, dont la surface sert de substrat à la prolifération des bactéries. Si on prend l'exemple d'un implant orthopédique, son infection peut se traduire par des douleurs, la nécessité de l'explanter, un traitement médicamenteux lourd, et des chirurgies supplémentaires pour, plus tard, tenter une seconde implantation. A noter que le taux de succès de cette dernière est nettement plus réduit puisqu’une infection récidivera dans 40 % des cas de réimplantation. On aboutira alors généralement à une situation où plus aucune solution implantaire ne sera proposée.
Ce fléau est en augmentation constante car plusieurs facteurs sont défavorables :
- les bactéries deviennent de plus en plus résistantes aux antibiotiques et beaucoup sont devenus inefficaces ;
- le vieillissement de la population implique de plus en plus de poses d’implants, ce marché affichant un taux de croissance annuel mondial de 5 % ;
- le panel de personnes implantées est de plus en plus large : de nos jours, les patients diabétiques ou en rémission de cancers, ou encore les fumeurs dans le cas des implants dentaires, peuvent recevoir un implant, ce que l’on évitait encore il y a quelques années pour limiter les risques de complications notamment infectieuses.
Une solution brevetée issue de la recherche française
De ce constat est née, en octobre 2019, la société Spartha Medical, qui propose de réduire le nombre d'infections contractées dans les centres de soins par l’utilisation de revêtements innovants, antimicrobiens, déposés sur les dispositifs médicaux. Ces revêtements sont issus de recherches menées au laboratoire "Biomatériaux et Bioingénierie" de l’Inserm/Université de Strasbourg. Ils ont fait l’objet du dépôt de quatre brevets. Basée à Strasbourg, l'entreprise a bénéficié de l’environnement local très favorable (SATT Conectus, Région Grand-Est, incubateur SEMIA) et national avec l’aide de Bpifrance (Concours I-Lab en 2019 et Bourse French Tech Emergence en 2020).
L’innovation de Spartha Medical réside dans l’association de deux polymères d’origine naturelle : l’acide hyaluronique et la polyarginine. Ces deux molécules forment des assemblages supramoléculaires sur les surfaces par simple mélange. Il est ainsi facile de former un film micrométrique sur tout type de surface. Aucune procédure chimique n’est nécessaire. De plus, le revêtement peut être déposé sur un implant par exemple, puis stérilisé, conditionné et stocké plusieurs années : il restera efficace au moment de l’implantation pendant plusieurs jours en évitant à toute bactérie de proliférer. Toutes les bactéries à gram positif ou négatif ainsi que les bactéries résistantes aux antibiotiques, telles que les Staphylocoques dorés résistants à la méticilline (SARM ou MRSA), seront détruites par le revêtement.
Un film anti-bactérien mais aussi anti-inflammatoire
Ces revêtements disposent par ailleurs de capacités qui limitent le risque d’inflammation chronique lors de la pose de l’implant et diminuent de ce fait le risque d’échec implantaire. L’action sera locale, à proximité de l’implant, et aucune injection systémique de fortes doses d’antibiotiques ne sera alors nécessaire. Enfin, ces revêtements sont aussi personnalisables pour un besoin précis, puisqu’ils ont la capacité de pouvoir "embarquer" d’autres principes actifs. Ils se révèlent être de véritables éponges à médicaments par exemple.
De la bactérie au virus…
Bien qu’elles concernent un type d'organisme totalement différent, les luttes contre les infections virales, notamment celles liées à la COVID-19, sont également dans le viseur de Spartha Medical. En effet, le revêtement pouvant être personnalisable, la société mène depuis le mois d’avril 2019 (projet ANR "TerminAnion", en collaboration avec le laboratoire Inserm U1110 "Institut sur les maladies Virales et Hépatiques") des recherches pour développer des revêtements et des hydrogels antiviraux. Les premiers résultats sont très prometteurs. Le spray de l'entreprise pourrait ainsi protéger toute surface des bactéries mais aussi des virus en utilisant uniquement des biopolymères sans composants à risques tels que des dérivés d’argent ou de chlorines, voire d’alcools.
Au-delà des implants, ces revêtements peuvent s’appliquer sur des pansements, tissus, et tout composant où un "bouclier" antimicrobien s’avère utile.
In vivo, plusieurs modèles ont déjà validé la technologie avec des tests de biocompatibilité et d’efficacité.
Au niveau des formulations, la mise sous forme de films fins, d’hydrogels injectables ou encore de nanoparticules est possible. Dans tous les cas, il s’agit de procédés extrêmement simples et facilement industrialisables.
Des sprays prêts à l'emploi mais aussi des services de co-développement
L’offre de Spartha Medical se composera de produits prêts à l'emploi mais aussi de services.
L'entreprise développe un spray antimicrobien et antiviral (voir encadré) pour un usage grand public qui sera disponible sur le marché après finalisation des étapes réglementaires. Il y aura aussi une gamme de sprays à usage professionnel qui seront vendus aux établissements de soins sous forme de kits (un pistolet avec des cartouches contenant les produits du revêtement) pour être utilisés sur les zones sensibles aux infections.
Enfin, la société propose des services de co-développement destinés aux fabricants de DM pour intégrer la technologie à leurs produits.