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Le plastique doit-il être perçu comme un mal nécessaire ?
Malgré tous les avantages qu'il offre et ses multiples applications, notamment dans le secteur de la santé, le plastique est un matériau fréquemment décrié aujourd'hui car jugé dangereux pour notre environnement. François Berry nous livre son point de vue sur le sujet.
Par François Berry, Directeur Général du groupe Top Clean Packaging
Qui n'a pas aujourd'hui entendu ce verdict sans appel : « Le plastique, non merci ! ». Même si cette conclusion hâtive résulte souvent, il faut bien l'admettre, de raccourcis assez simplistes, le plastique est souvent considéré désormais comme un matériau polluant et non écologique. Or, ce matériau reste essentiel et demeure présent dans de nombreux éléments de notre quotidien : les accessoires de mode, l’automobile, l’électroménager, les cosmétiques et plus encore dans les produits de santé.
Le plastique s’est imposé, au cours des dernières années, comme un matériau incontournable dans de nombreux segments du secteur de la santé tels que le domaine dentaire, celui des dispositifs médicaux, du secteur pharmaceutique… Grâce aux multiples plastiques existants, il est aujourd’hui possible de réaliser un grand nombre de produits, qu’il s’agisse de prothèses médicales (PEEK, PEI…), de lentilles de contact, de produits pour la dentisterie (PMMA…), de dispositifs médicaux implantables comme les pacemakers ou encore de systèmes d’administration de médicaments, de fils de suture résorbables (PLA, PGA…), d’emballages médicaux et mousses (APET, PETG, PE...), etc.
L’utilisation de plus en plus courante du plastique s’explique du fait de ses nombreux avantages. Comparé à des matériaux tels que le métal, le carton ou le verre, il s’avère moins cher et plus léger. Il est également beaucoup plus robuste et résiste notamment aux rayons, aux produits chimiques avec lesquels il est en contact, ou aux températures élevées. Il permet ainsi d’obtenir des pièces de haute qualité, durables, conformes aux standards du secteur de la santé, en particulier pour les opérations de stérilisation. Pouvant être biocompatible et bio implantable, le plastique est de plus en plus utilisé pour la réalisation d’implants, d’autant plus que ces derniers peuvent être combinés avec des principes pharmaceutiques actifs ou d’autres matériaux. Mais l’un des atouts principaux du plastique est la possibilité de produire des pièces à usage unique, et d’assurer ainsi une sécurité sanitaire optimale en limitant les risques d’infection. Or, cela est plus difficile à réaliser avec d’autres matériaux.
Le groupe Top Clean Packaging est spécialisé dans la conception, la production et le conditionnement de dispositifs médicaux. Expert en thermoformage, injection de thermoplastiques et de LSR, thermoscellage et recyclage, il emploie plus de 300 collaborateurs à travers le monde et a réalisé un chiffre d’affaires de 42,5 millions d’euros en 2019, dont 50 % à l’international. L'entreprise utilise plus de 3000 tonnes de plastique par an et en recycle 96 %.
Aujourd’hui, grâce à l’impression 3D, ce sont de toutes nouvelles perspectives de développement et d’application qui s’ouvrent pour les matériaux plastiques : création de prothèses imprimées à faible coût, implants sur-mesure, réalisation de prototypes fonctionnels…
Eduquer plutôt qu'interdire
Le plastique l’a montré, il offre de nombreux avantages. Et même s’il présente des faiblesses incontestables - il n'est pas toujours biodégradable ni recyclable -, le remplacer voire le supprimer s’avèrerait extrêmement complexe et pourrait se traduire par un retour en arrière et la renonciation à de nombreuses avancées, notamment dans le secteur de la santé.
La crise sanitaire que nous traversons actuellement le démontre elle aussi : partout où il y a des gens à sauver, le plastique est heureusement présent et joue son rôle. Cela vaut pour les seringues, réanimateurs, distributeurs de gel, surchausses, réseaux d’oxygène et d’intubation... Aucun matériau ne saurait le remplacer.
Mais comment faire face à ce rejet de plus en plus massif du plastique par notre société ? Comment combattre cette idée simpliste et court-termiste qu’il est plus facile d’interdire que d’éduquer ? L’une des solutions serait peut-être de ne plus considérer le plastique comme un ennemi pour l’environnement mais plutôt de revoir son utilisation. Employé correctement et de manière raisonnable, le plastique peut s’imposer comme une option durable et écologique. A nous consommateurs et industriels de tendre vers une utilisation plus responsable, en supprimant l’inutile, mais aussi en continuant à éduquer les populations et nos politiques. A nous de faire fi de tout lobby, d’améliorer la gestion de nos déchets, de travailler pour optimiser la recyclabilité et l’identification des plastiques, et ce dès la conception de nos produits. Bref, des solutions existent, encore faut-il avoir le courage et la volonté de les mettre en œuvre…